Claude CAUVET s’en est allé…

Publié le 18/12/2023

Claude a fait partie de la première grande génération d’arbitres fédéraux samariens, avec Didier Cotrel ou Jean-Michel Charton. Arbitre interrégional, comme on disait à l’époque, avant de prendre la voie du « juge de touche » spécifique, ce qui lui a permis de découvrir au début des années 90 la « Première division », comme il a continué de l’appeler bien après qu’on la nomme Ligue 1. Une carrière brillante, marquée par un incident regrettable – une bouteille reçue en pleine tête un soir à Bollaert, et pourtant il a fallu reprendre le match, pour ne pas créer de scandale à quelques mois de la Coupe du monde organisée en France – mais aussi par une finale de Coupe de France, Nantes – Sedan en 1999, et quelques années, les plus belles sans doute, au sein du trio de Marc Batta, le n°1 français, qui allait devenir ensuite le grand patron de l’arbitrage français.

Après avoir rangé le drapeau, Claude est donc tout naturellement devenu observateur FFF spécifique pour les assistants, montant dans les tribunes des stades du National à la ligue 1 dont il avait arpenté les lignes de touche. Avec passion il transmettait son savoir, ne rechignant sur aucune mission, quelle que soit la distance pour rejoindre le lieu du match, en continuant de s’organiser avec son travail et ses congés sans solde, et en comptant sur le soutien indéfectible de son épouse Martine. Et s’il restait des créneaux libres sur le week-end, il acceptait aussi d’aller observer sur les terrains de la ligue et du district. Claude fut, sur 2 périodes, membre de la commission régionale des arbitres de Picardie, avec au début des années 2010, la mission délicate de la gestion des désignations des arbitres de la PID à la DH. Il y a aussi été le premier responsable du recrutement et de la fidélisation des arbitres. Tout cela par passion, de façon totalement désintéressée, du pur bénévolat.

Une fois à la retraite, un tel profil ne pouvait rester inactif, et la fédération l’a bien compris. Ces dernières années, Claude a multiplié les missions d’officier de liaison sur les matches internationaux, cette personne chargée d’accueillir les arbitres étrangers et de leur faciliter la vie pendant les 3 jours qu’ils passent sur le sol français. Ligue des Champions à Paris ou à Lille, matches de l’équipe de France, tournois, là non plus Claude ne savait pas dire non, et puis il y prenait tant de plaisir qu’il aurait bien eu tort de se priver. Même si c’était l’équipe arbitrale française de Clément Turpin qui était désignée, Claude fut, en point d’orgue d’une carrière monumentale, officier de liaison sur la finale de Champions League 2022 jouée au Stade de France.

Et puis il y avait Claude de Fouilloy, devenu en 40 ans le patriarche de la commission des arbitres de la Somme. Vice-président depuis la fin des années 80, il nous a tous vus débuter. Claude a accompagné 4 présidents, sans jamais viser la place, parce qu’il a voulu rester pendant toutes ces années celui qui rend service sans attendre de gratification. Gardien des valeurs, volontiers sévère avec ceux dont le comportement salissait la fonction, Claude a toujours mis la main à la pâte, pour toutes les besognes obscures. Quand il n’était pas là c’est qu’il était sur un terrain quelque part en France, ou dans les champs pour aider ses parents, ou chez son fils pour l’aider à s’installer. Ou, ces dernières années, à s’occuper de ses petites filles, le dernier bonheur d’une vie passée au service des autres. Quand il s’est su malade, il a continué de dire « je serai là tant que je pourrai ». Et il n’a pas pu assez longtemps…

Claude a été un guide pour nous tous, il a grandement contribué au développement de la carrière de nos plus grands arbitres, Ruddy, Guillaume, Clothilde, tant il maitrisait toutes les subtilités du système. Pour lui il n’y avait pas plus noble que le rôle d’arbitre, à part celui d’arbitre-assistant, évidemment ! Et il ne fallait surtout pas qu’un arbitre demande à faire une touche « parce qu’il avait une petite douleur et qu’à la touche on fait moins d’efforts… ». Celui-là n’y reviendrait pas une seconde fois. Promis, Claude, on continuera de tenir cette ligne là.

Un type bien de chez nous, tellement accessible mais avec un charisme fou, passionné, passionnant, toujours de bon conseil et un peu nostalgique de ce temps où la convivialité c’était autre chose, respecté dans tout ce qu’il a entrepris, et qui a tout réussi. Fidèle, loyal, Claude donnait son point de vue, surtout s’il était tranché, acceptait les arguments, se rangeait toujours à l’avis majoritaire. Et quel bon camarade… Volontiers potache, bon public pour les vannes en tout genre, y compris à ses dépends. Un bon vivant, sans jamais d’excès, ou alors de gentillesse.

L’arbitrage de la Somme est orphelin, et le District a perdu l’un de ses plus grands serviteurs. Mais on pleure dans les Hauts de France, un peu partout en France, et bien au-delà des frontières.

Le Comité Directeur et son Président s’associent à la douleur de la famille, et leur présentent leurs sincères condoléances.

Merci pour tout Claude.

Jean Christophe FAVEREAUX.

Par Wilfried Leclercq

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